En avant, bordel...

Publié le par Blandine

Je voulais me taire. Partir. Mais j'avais oublié un anniversaire à honorer. Qu'importent colère et découragement, face à une promesse faite. Là encore;, c'est du pathos. Un hommage bien dérisoire mais important pour moi...


Mon Fred,

2 ans, tout pile. Deux ans que tu me manques cruellement, chaque jour. Deux ans que j'ai endossé le rôle de coupable, pour que ton père, ta famille, tes amis, puissent diriger leur colère et leur haine. 

Rappelle-toi : "je m'en sors, si tu t'en sors"... Menteur va ! Moi, je m'en sors peu à peu et toi, tu as les os des doigts de pied en éventail, dans un charmant et silencieux F1 au toit de marbre dans un cimetière touristique. Super, hein ?

Entre nous, mon magicien, j'aurais préféré que tu sortes un lapin du chapeau plutôt que de disparaître. Le public n'a pas aimé ce tour. Faut dire que quand moi j'ai appris le truc, j'ai été scotchée. Imagine :

Je sors de ma première convocation chez le juge, certaine que ce jour-là, plus rien ne m'atteindra. Je passe la soirée chez un ami. il m'arrache un sourire, puis deux... Avant de m'assener le coup de grâce : "Blandine, j'ai eu des nouvelles de Fred. Il est mort. Son père te rend responsable". Eh ben voilà, comment obtenir une excellente
montée dramatique... Pouvait pas éviter de me le dire au bout de trois heures, c't'idiot ?

Fred, mon ange... te voir te taper la tête sur les murs à l'hôpital, me supplier de partir, de rester... être impuissante, tout cela parce que l'amour ne suffit pas toujours, ce n'est pas ce que je veux retenir de notre histoire. Je veux me souvenir des moments de joie.

De ces batailles de boules de neige. De tes tours de magie, de ta guitare, de ces douces paroles qui me rendaient espoir, de nos fou-rires. De ton courage. de "en avant bordel", ce leitmotiv qui me reste plus sûrement que n'importe quelle bouée dans chaque moment d'abbattement.

Cette année encore, je ne sais pas comment j'irai te rendre visite dans ta nouvelle villa. J'irai, c'est sûr. Pas aujourd'hui, par respect pour ta famille. Pas la peine que je finisse à l'hôpital sous les coup d'hommes qui me haïssent. Pas seule. Mais je serai là au rendez-vous.

Je t'aimerai toujours, où que tu sois, si seulement tu es encore. Mais parce que tu m'as fait le plus beau des cadeaux, me lancer sur la voie d'une vie plus stable et sereine, avec en prime des voeux sincères de bonheur, je ne me permettrai pas de n'en pas faire usage. Je vaincrai, quels que soient les obstacles. Pour ne jamais jeter aux orties le don fait et qui t'a coûté plus que de raison.


En avant bordel...

Publié dans Lettres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article