Victimisation et banalisation (2/2)

Publié le par Blandine

Parfois, je me demande si une distribution générale de baffes ne s'impose pas ! Que la télé nous prenne souvent pour des demeurés, bon, il faut dire qu'on ne leur donne pas beaucoup de raisons de changer de ligne de conduite. Mais, je me demande... Comment s'est-on réveillés un jour dans ce pays du tiers-monde, la France ? Tout le monde est malheureux et tout le monde crie vengeance.

Je suis une privilégiée. Et on a le droit de penser que je ne suis pas apte à parler de la victimisation de notre bonne vieille société. Je me plains régulièrement, je grogne... Pourtant, avoir été une victime réelle, a changé ma vie. Je ne prétendrai pas être moins égocentrique ou moins égoïste. La preuve, ce blog. Mais je garde toujours en tête que j'ai l'incroyable chance de vivre ici, aujourd'hui, avec un toit sur ma tête. Je ne prétends pas échapper à la victimisation, je suis humaine, mais je suis certaine de chercher à éviter ce travers.

Je ne comprends plus ce dont les reportages me parlent à longueur de journée : peur, violence, affrontements, dépression... Ca me parle d'une condition humaine, qui en plus de n'être pas la mienne, ne me rappelle pas celle de ceux que je croise quotidiennement.

Les gens ont peur. Chaque fait divers est monté en épingle. On voit des assassins, des violeurs partout. Dites, les gars, vous savez qu'avant le reportage x ou y, ils étaient aussi là ? Pas moins ni plus dangereux. Vous les braves citoyens, avez-vous conscience de peut-être en héberger un chez vous ? Peut-être même vous-même, sous la pression adéquate ? Vous ne me croyez pas ? N'est-ce pas vous qui hurlez que les monstres devraient être castrés, violés, torturés, que la prison "sert à punir"? Avant même que d'être victime, vous vous sentez comme tels et vous exigez réparation. Et quand le malheur vous a effectivement frappés, les amis, vous le clamez haut et fort. C'est bien, là-haut, on vous entend. Et on vous caresse dans le sens du poil, mais oui ma brave dame, on va vous aider...

Si je suis tant en colère, c'est que la victimisation place quelqu'un en tant qu'objet des évènements et non plus en tant que sujet. Ca, ça me dérange. C'est déléguer le pouvoir à d'autres que soi de nous faire aller mieux. Compter sur l'entraide c'est bien, ne compter que sur les autres, non.

J'ai de plus en plus l'impression qu'on me prend pour une idiote finie : "fais appel à Sarkozy, il t'aidera", "adresse-toi aux médias"... Pourquoi, eux pourront tourner la page pour moi ? Ou bien ont-ils ce pouvoir d'effacer de mon âme l'incendie qui a ravagé quelques morceaux de coeur ? Non. Si j'estime qu'il y a de vrais couacs, à moi de remonter les manches.

Tout le monde a le droit de gémir, de pleurer sur son sort. Parfois, c'est ça qui va évacuer le gris ou le noir. Mais comment peut-on abandonner son bien le plus précieux, celui de penser par soi-même ?

La france n'est pas calinoursland. Dommage, j'aurais adoré y croiser des peluches à caliner. Mais elle ne va pas si mal. La population n'est pas composée que de victimes, de monstres et de victimes potentielles.

Publié dans Réflexions

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E
Tu es en vraiment en train de transformer ton gris en couleur, par petites touches successives... En te prenant en main.
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B
<br /> Oui mais euh, je suis nulle en pintillisme :p<br /> <br /> <br />