Procès... la suite

Publié le par Blandine

Je n'ai pas pu reprendre mon récit la dernière fois. Je voulais tenter de gagner du recul, être moins dans l'émotion barbare. Et puis, j'ai essayé de me convaincre que c'était fini.

 

 

 

Après la mise en accusation, le défilé des témoins.

 

Le capitaine de police.

 

Après les formalités d'usage (vérification de l'identité, prestation de serment...), le président de la cour laisse la parole à ce premier témoin, un policier qui a participé à l'interpellation de l'accusé.

 

l'homme est un habitué du tribunal, sent-on. Il a pourtant dans la voix une trace d'émotion palpable. Comme si la lecture sans fard des déclarations lors de l'étape précédente ne suffisait pas, on en remet une couche. Une couche de saleté. J'ai noté deux ou troits petites phrases qui m'ont fait mal. 

 

- "il s'est essuyé la bite dans son tee shirt". (tiré de la déclaration de la victime au commissariat.

- "montre-moi comment tu fais avec ton copain" (selon la même déclaration, ce que l'accusé aurait dit à sa fille, avant de la violer)

- "c'est ça ou je te tape" (idem)

- ' [l'accusé]lui a essuyé le maquillage qui avait coulé après qu'elle ait pleuré" (récit du témoin)

 

C'est une accumulation de détails sordides, autant que le gros de l'affaire, qui me donne envie de vomir. Suis-je normale de remarquer ce terme de " se décharger", sorti en boucle de la bouche de cet homme, pour parler d'éjaculation ? On dit décharger pour une arme. Pour moi, cela souligne la violence de l'atteinte subie par la trop frêle gamine, victime de son père.

 

Le policier enchaine et parle d'une autre anecdote qui appuie ma nausée : le frère de la victime a été chercher des bonbons sur ordre de son père, qui voulait être seul avec sa fille, et pour cause... L'épicier d'â coté de chez moi, sur la même rue... Ca fait mal, bon sang. Sans raison, hein, moi je n'ai assisté à rien. J'ai le coeur fraguile, que voulez-vous ?

 

Il explique enfin l'attitude de la mère de la victime, de la femme de l'accusé. Incrédule à l'excès, elle a laissé sa fille dans la tourmente pour protéger son mari. J'ai, je l'avoue, une haine tenace face à cette réaction. Sans doute me rappelle trop celle de ma famille face à Pierre ? Mais j'essaie encore aujourd'hui de comprendre. Et je me garderai bien de dire que "c'est mal" sans rien ajouter pour sa défense. Il doit être incroyablement dur d'accepter ce genre de réalité. Comment entendre que l'homme qu'on aime a torturé son enfant ? Comment ne pas se réfugier dans la fuite et dans la démission de son rôle ? Aurais-je fait de même ? Nul ne le saura. Madame, Ce jour-là, quand je vous ai vue, pour la première et dernière fois je l'espère, vous étiez aux côtés de votre fille. Et cela vous a certainement demandé un immense courage. Bravo.

 

Et voilà, le témoignage est terminé. Ce fut l'un des plus durs de cette journée. Et pour ne pas finir sur une note tristoune, j'ai aussi noté des petites choses assez drôles ;

 

Par exemple, quand un policier dit "madame X et son mari (l'accusé, donc, suivez un peu, que diable!) nous ont invités à entrer", sachant que par la suite il explique que monsieur a tenté de les trucider... Est-ce une manière discrète de se rassurer, ou un exercice littéraire admirable ? (Gabian, mon cher, un jour, tu me diras comment un procès verbal d'audition peut il exprimer en trois pages un simple "allez vous faitre foutre"?)

 

Pour conclure avec cette première partie, un énorme haut le coeur m'a saisie quand l'avocat de la défense a posé une question au témoin : "l'accusé n'a-t-il pas exprimé son amour filial, lors de ses auditions?"

 

Ben oui, madame, lmais un père ne viole pas sa fille régulièrement sous la contrainte d'une arme... Try again.

 

 

Je tenterai d'écrire la suite ce soir. Si vous n'êtes pas, comme moi à ce moment-là, en train de serrer les dents et de pleurer de rage.

 

 

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G
C'est juste une phrase type, à but procédural. Invités à entrer, ça veut dire qu'on l'a pas interpellé. C'était pas encore du lourd, du pénal.<br /> L'infraction n'était pas constatée, on ne pouvait pas entrer chez lui de force sans commettre une bourde de procédure gravissime, du genre à foutre toute l'affaire en l'air. Donc on a été 'invités à entrer'. <br /> C'est une phrase rituelle, que l'avocat de la défense sous-titre : 'et merde, il y a pensé'.
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B
<br /> <br /> Aaaaaah c'est mignon ! Dire que je m'étais persuadé que c'était une question d'ego. Sans rancune ?<br /> <br /> <br /> <br />