Ceci n'est pas un film catastrophe...
... Mouais enfin, faut le dire vite, hein ! Mais si vous aimez le suspens et les scènes où la sueur froide vous coule dans le cou, suivez-moi.
Parce que viens de réaliser. Là, subitement, à bientôt une heure du matin. Entre deux coups de colère. Faut dire, la colère, j'en déborde ce soir.
Pas spécialement en raison le marathon qu'il me reste à parcourir : juges, avocats, tous font " comme ils peuvent" et dans le cas de mon avocat, c'est quasiment bénévole. Non, va juste falloir que je fasse quelques reprises à mon costume de super héroïne-capable-de-se-dédoubler. Que j'appelle ma fidèle alliée super-Hélène (Je t'en supplie, ma belle, rase-toi les cheveux, pour demain ! Tu seras moins sexy, mais bon...). Que je gasse une cure de Gurozan.
Non, non, tout ça m'angoisse, m'exaspère, mais ne me met pas en colère. Je suis bonne pâte, n'est-il pas ? J'vous dis, la colère, elle vient de me tomber dessus. Je vous raconte ? Accrochez-vous, c'est parti !
Je fouille le net pour essayer d'optimiser mes démarches. Un avocat complice sur le net me souffle une excellente idée : troquer les joies d'un premier aller-retour au palais de justice contre la banale et tristoune recheche du formulaire magique sur Internet. Le rustre ose me demander de renoncer à l'indicible délice d'une séance de muscu dans les couloirs des RER et métros parisiens, aux pièges des escaliers mal fichus... Mince, et j'en fais quoi de ma superbe tenue sexy d'héroïne, je la range au placard ?
Avouez, là vous commencez à respirer, vous attendez le happy end après les persiflages. Nan mais oh, arrêtez de rêver! Vous ne croyez pas que c'est si simple, en vrai ?
Parce qiue oui, entre deux paquets de mouchoirs vidés, je parviens à dénicher la perle rare. Mince, la fin d'une gaère, l'esprit de noël, toussa ? Je relis vaguement mon formulaire, je pourrais même l'imprimer si j'avais de l'encre. Bah, allons, soyons pas chien, la bonne surprise vut bien une promenade vers je ne sais quel magasin qui me fournira la denrée adéquate.
Soudain (musique stressante comme dans les bons films), une ligne me saute aux yeux. Et elle a du ressort, celle-là ! "si vous êtes victime d'un crime... blablabla... vous ne devez pas remplir de conditions de ressources pour avoir droit à l'aide juyridictionnelle."
Vous soupirez d'aise, tout baigne puisque je SUIS victime d'un viol, donc d'un crime. Pff qu'elle est vilaine cette Blandine, d'avoir affolé son monde !
Bah oui mais non ! Rappelez vous l'épisode précédent, celui où je cédais, terrassée par un combat annexe, à la correctionnalisation de mon affaire... Vous commencez à saisir ? Allez, je vous aide : correctionnalisation = délit = plus de crime... Ballot !
Vous grognez, vous vous dites, ben oui, mais elle n'a pas de revenus, tout va. Avant dernière surprise : Le plafond est de 844€... Et devinez : Avec les allocations handicap et les revenus de mon compagnon, je suis largement au-dessus.
Vous êtes animé d'un solide espoir, vous vous dites qu'après tout, je pourrais "oublier" de mentionner mon cher et tendre ? C'est jouer à la roulette russe sachant qu'il est mentionné régulièrement partout.
Vous qui lisez ceci, abandonnez tout espoir...
Blague ethumour grinçant à part, je suis furieuse. J'ai été victime d'un viol. Je digère mal que pour désengorger les assises, on déqualifie cet acte. Mais je refuse d'en faire les frais à deux titres : moral et matériel.
A vot bon coeur, m'sieurs-dames ! Je fais la quête.