Petit tour au pays des mirages...2

Publié le par Blandine

Je vous avais laissés en plan à la suspension d'audience. Faut dire que je voulais vous faire ressentir l'immense vide neuronal qui s'est emparé de ma petite troupe et de moi-même au sortir de ces deux affaires. La réquisition du procureur nous avait paru si peu en adéquation avec les faits : 10 mois avec sursis et 2 ans de mise à l'épreuve, pour un viol, pou un acte dont le type n'avait même pas perçu la portée. Et moi, mon coeur battait comme un oiseau affolé, je me demandais une seule chose : et le petit jeune homme qui restait sagement assis sur son banc, à l'opposé de moi, riait-il sous cape, après ça ?

Ma mère était arrivée à la fin de l'affaire, mais elle était aussi vannée que moi en sortant de la salle. et nous voilà tous partis à pour une quête épique, celle de WC. L'équipe se scinde, ma mère part comme une flèche et se perd dans les limbes de l'étage.
Chéri, Tchou et moi montons au-dessus en suivant bravement des panneaux indicateurs peu coopératifs. après moult pérégrinations, l'objet de nos désirs s'offre à nous. Soulagés, de nouveau il nous faut revenir dans le couloir, devant la chambre correctionnelle. Surprise, AvocatteChérize arrive avec un léger retard.... d'une demi-heure, mais soit ! Elle fonce voir sa collègue et contradictrice, puis me demande rapidement de la suivre pour discuter un peu des nouveautés du dossier. 

Sitôt dehors, elle me demande si je sais que mon adversaire, Rom, est papa. Un peu sèche, je lui réponds que je l'ai incidemment appris. Elle reprend, enthousiaste : "naaaaan c'est juste que j'ai vu qu'il avait grossi, alors j'ai demandé à ma consoeur et elle m'a expliqué que son amie avait eu un bébé.". C'est-y pas mignon ? Elle me parle de l'homme qui me terrorise comme d'un vieux copain perdu de vue. J'adore. Je me permets de demander perfidement si elle ne se vexera pas si je ne saute pas au plafond de joie. Dans le genre message d'avertissement clignotant, je pensais être claire. Bah non, elle continue la bougresse. Et devinez ? Ca fait mal ! Suivent quelques considérations sur la demande de dommages et intérêts et c'est reparti, la suspensuion d'audience est terminée. Mon coeur n'en peut plus, la crise cardiaque se rapproche, et, et... et rien. Une autre affaire sera jugée avant la mienne.

Vous vouliez du vrai sordide ? Eh bien, en voilà du tout frais, du bien puant et noir, comme on aime ! L'histoire est celle d'un type qui se créait plusieurs identités sur internet pour appâter de naïves jeunes femmes avec une promesse de contrat de mannequinat. Il les invitait à déjeuner, les saoulait puis les emmenait dans un autre endroit, moins neutre, dira-t-on : un club échangiste. La plupart de ses proies avaient échappé au pire mais l'une d'elles, plus alcoolisée ? plus fragile ? a subi un viol. Les poings et les dents serrées, j'entends le troisième rapport de psy de la journée. Encore la description d'un monstre, d'un pervers fier de l'être. Un violeur. Qui passe en correctionnelle. N'a aucun remords. A ce regard arrogan,t des pires brutes de film. Et... je craque. Lâchement, je m'enfuis, rattrapée par Tchoucky qui me suit jusqu'aux toilettes. Au retour, une surprise de taille : l'avocat de l'accusé s'est lancé dans un lapidage en règle de la victime, absente hélas : Amorale, cupide, en bref, une fille sans pudeur et non moins monstrueuse que son bourreau. Quelle faute a dès lors commis son client ? Certes, il n'est pas parfait, mais bon, hein, on ne va pas le condamner pour ça ! Mon sang bout. Le procureur rit beaucoup, lui. Moi, je ne peux pas : réquisitoire ? Il a déjà été condamné. Il n'éprouve pas de remords et le dit.... tadaaaaalm : on ne demande que 3 ans dont 12 mois fermes. La moralité de la victime est une excuse comme une autre pour faire ce genre de choses, alors ?
Pardon, mais je stoppe là ! Mon procès à moi, il mérite bien un article en soi, non ?
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T
Tu ne précise pas que la thèse de l'avocat, c'est que la victime était consentante pour se prostituer et obtenir un contrat de mannequinat. Que le fait de porter plainte a juste été une représaille parce que le dit contrat n'est jamais venu. Et qu'à la limite, c'était son client la victime, pauvre gars, manipulé par une petite prostituée. Ca faisait déjà suffisement mal à entendre comme ça, qu'est-ce que ça aurait été s'il avait réussi à rendre tout ça crédible.
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B
<br /> Exact. Mes excuses, tchou, en synthétisant, je zappe le pire.<br /> <br /> <br />