Petit tour au pays des mirages...3

Publié le par Blandine

J'y ai mis le temps, mais voilà, je vais vous parler de mon procès en lui-même. Je sais que j'ai fait durer le suspens (pardon à ceux que j'aurais dû rassurer par tme restera un article de conclusionéléphhone, mais à l'oral, ça passe mal). Enfin, ma propre auidience valait bien un article en soi, avec l'attente correspondante !


Je demande le huis clos...

Je savais dès le début que j'avais cette possibilité : demander le huis clos pour priver Rom, mon adversaire, de son entourage soudé autour de lui, à quelques mètres : huit personnes : sa compagne et son bébé, sa mère, des amis. Ma propre troupe allait sous peu se désagréger, puisque ma mère et Tchoucky(qui n'en pouvait plus) avaient des impératifs horaires qui leur interdisaient de rester tard. Serait resté mon cher et tendre et ma soeur devait venir nous rejoindre bientôt, mais j'avais pitié du dos de Chéri, meurtri par le confort tout relatif des bancs austères des lieux.
Je me suis donc décidée, à la dernière minute. Huis clos, pour un face à face redoutable, mais nécessaire. L'avocate de Rom ne proteste pas. En revanche, elle regrette pour partie ce choix : Cela ne me permettra pas de me rendre compte de l'immense travail accompli par Rom justement grâce à ces gens que je ne veux pas voir le soutenir. Comme c'est dommage, en effet. Mais je ne doute pas que cela me sera expliqué longuement lors de sa plaidoirie.
La salle se vide. Tout commence. Enfin !


Enquête de personnalité ou comment se faire tailler un costume pour l'hiver !

Rom est à la barre, à 2 mètres de moi. Il a piteuse allure malgré sa jolie veste et sa magnifique canne (rendue indispensable après un accident... de vélo, ça ne s'invente pas !). Il peine à tenir debout et ça ne va pas s'arranger avec le temps, puisque l'assesseur commence la lecture monocorde(type-documentaire-arte de l'enquête de personnalité dirigée lors de l'instruction par un psychiatre. Il en existe une seconde, ou plutôt une première devrais-je dire, puisqu'elle fut diligentée lors de la garde-à-vue de Rom, mais nous y reviendrons plus tard. Pour l'heure, les mots, si dépourvus d'émotion qu'ils soient, font ployer peu à peu Rom. Je ne peux m'empêcher de compatir sincèrement. Devoir endurer un jugement sévère sur ce que l'on est, sans broncher, droit comme un I, c'est dur et honnêtement, l'homme s'en tire avec les honneurs. Car il est décrit comme un pervers, sourd à la souffrance d'autrui, manipulateur, égoïste. Le rapport est sans pitié, sans concession, sans fards. C'est violent comme un coup de massue, pour l'intéressé comme pour moi, d'ailleurs. Cette épreuve est au final partagée. Rom accuse le coup, en silence, des larmes coulent le long de ses joues. Où est le monstre que l'assesseur nous peint à grands coups de phrases lapidaires ? A-t-il jamais existé ? En moi se réveille le doute : ai-je eu raison d'amener Rom jusqu'ici ?
La seconde enquête de personnalité décrit mon adversaire comme ierresponsable de ses actes au moment des faits. On ne s'attarde guère dessus, puisqu'il assume désormais sa faute, plus ou moins. La discussion roule tout de même un peu sur ce débat, il faut bien s'entendre ! Rom endosse le costume sale du vrai méchant conscient de l'être, volontairement. De cela, je le remercie.

Les faits, ou comment expliquer l'inexplicable...

Ensuite, on en vient au déroulement des faits. On me demande légitimement pourquoi j'ai tardé à porter plainte, pourquoi j'avais dans un premier temps gardé contact avec mon agresseur... Ces questions me font sourire jaune, tu parles d'une originalité ! Rom s'écroule lorsqu'on lui remet sous les yeux ma souffrance devant ses jeux du chat et de la souris. Il pleure, demande pardon. En fait-il trop ? Où est la limite entre sincérité, jeu d'acteur et identification inconsciente ? Va savoir mais mon coeur est si serré qu'il va imploser. Et c'est là que le pire commence. Tout le monde, sans doute à cause de la fatigue, d'une mauvaise lecture ou que sais-je ? se met à interchanger nos noms. Je deviens Melle Gervais (le nom de Rom) et lui devient M Durand, par intermittence. Moi qui me retrouve plongée sous une emprise, j'entends tour à tour le président, un assesseur, le procureur, mon avocate même, nous confondent avec allégresse. Chaque fois, un poignard se plante dans mon coeur. Frappe chirurgicale, infiniment précise et douloureuse. Comment osent-ils ? Rendez-moi mon identité, rendez-lui la sienne.

Viennent les plaidoiries : je fais une déclaration avant celle de mon avocate. Je suis morte. Merci messieurs dames, il me faut remarteler que tout cela ne fut pour Rom qu'un jeu, à la base, et que pour cela il devait être condamné. J'ai osé parler de l'emprise qu'il gardait et retrouvait sur moi, grâce à ce procès. J'ai parlé aussi de ma colère face à une justice farceuse et encline à me ballader aux quatre coins de la France. J'ai parlé de tout ça, le plus brièvement possible.

Mon avocate commence. Et elle recommence : m'appelle par le nom de l'autre, sans y penser. J'ai le droit de mordre ? Mais elle rappelle aussi ma douleur, mes batailles. Merci pour ça, quand même ! Elle a fait ça avec tripes. Malgré toute ma rancune, j'apprécie !

Suit le procureur, qui requiert en me rappelant que je n'avais pas à m'en faire, que Rom avait changé, bref... il ne réclame que 6 mois avec sursis simple. Je me sens trahie.


Et puis l'estocade, l'avocate de Rom, qui me narre comment Rom est devenu un saint, grâce à ma plainte et à la prise de conscience que j'ai engendré. Et tout à coup, elle m'achève : "Mon client et la partie civile (Moi, moi, m'dame!) sont restés très proches pendant l'instruction, il y avait une réelle communkion entre eux." Ben voyons ! C'est sûr, on a joué au tarôt ensemble, hein. "Melle Durand n'a jamais souhaité se venger de mon client, elle lui a pardonné..." Dites, il est interdit de hurler dans un tribunal ? Dommage !

Et les derniers mots reviennent à Rom, qui supplie qu'on le punisse, qui assure qu'il veut réparer, que c'est aussi important pour lui que pour moi, qu'il sait qu'il ne pourra pas mais... Tant de détresse m'arrache le peu de coeur qui reste.

Clôture des débats.


Et vous allez rire... En raison de larmes et de grève de l'âme, je terminerai demain, pour le verdict !
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B
Que de suspens...mais dans les films l'héroïne s'en sort toujours. Pas cool cette journée, ma belle !
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B
<br /> Oh ben qu'est ce qui te fait dire ça ?<br /> <br /> Et l'héroïne de ce film vient de renoncer à poursuivre cette bataille.<br /> <br /> <br />